L’audiodescription : démocratiser l’accès à la culture populaire

Les films (sauf s’ils sont muets) et la télévision sont des médias qui misent sur nos perceptions visuelles et auditives. Le sous-titrage codé et les sous-titres ont comblé une lacune pour les personnes sourdes ou malentendantes. Toutefois, l’accès à des outils destinés aux personnes aveugles ou malvoyantes a généralement été ignoré. C’est ainsi que les personnes vivant avec une déficience visuelle sont prises au dépourvu lorsque l’action à l’écran, les graphiques ou les effets spéciaux sont présentés sans contexte ou sans dialogue informatif. 

C’est là qu’intervient l’audiodescription. Aussi connu sous le nom de vidéodescription, ce service fournit une description sous forme de narration de ce qui est représenté visuellement à l’écran. Cette narration, semblable à un radio théâtre, survient entre le dialogue et les effets sonores importants. Il s’agit d’une forme distincte d’édition caractérisée par sa concision, sa précision et le souci du détail.

PBS (Public Broadcasting Service) a été le premier diffuseur à produire une audiodescription pour la télévision. C’est en 1988 que le réseau audiodécrit l’anthologie American Playhouse qui sera rapidement suivie d’autres programmes. En 1993, en raison d’un amendement à la Rehabilitation Act de 1973, les agences fédérales américaines ont été obligées de proposer en audiodescription toutes leurs productions cinématographiques, vidéos et multimédias. Or, les spectateurs aveugles ou malvoyants ont dû patienter jusqu’en 1997 avant que les productions cinématographiques, comme Le Chacal et Titanic, soient proposées en audiodescription. 

Ce n’est qu’au cours des cinq dernières années que le recours à l’audiodescription par la télévision s’est accru. Nul doute que la loi CVAA de 2010 (Twenty-First Century Communications and Video Accessibility Act) promulguée par le président Obama a été un catalyseur. Entrée en vigueur en 2012, cette loi oblige les neuf principaux diffuseurs des 25 principaux marchés du pays à fournir au moins quatre heures de programmes audiodécrits par semaine.

Cette exigence a mené à l’essor fulgurant des médias en audiodescription. Regardez n’importe quelle émission à l’heure de grande écoute et vous entendrez fort probablement un message annonçant : « Ce programme est disponible en vidéodescription. » Les services de diffusion en continu ont su s’adapter pour offrir ce service. 

L’un des premiers films proposés par Netflix en vidéodescription a été, fort à propos d’ailleurs, Daredevil, une adaptation cinématographique du personnage de Marvel Comics Daredevil, un superhéros devenu aveugle. Mais l’audiodescription ne concerne pas uniquement les nouvelles productions médias; les sociétés de postproduction engagent des scénaristes et des rédacteurs pour rendre les émissions et les films plus anciens accessibles aux personnes avec une déficience visuelle. 

La nouvelle Politique réglementaire de radiodiffusion du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), élaborée en mars 2015, favorisera la progression de l’audiodescription. Alors que tous les diffuseurs non exemptés seront tenus de fournir au moins quatre heures d’audiodescription par semaine à compter de septembre 2019, le CRTC exigera que certains diffuseurs fournissent une vidéodescription de toutes leurs émissions aux heures de grande écoute. Cela comprend l’ensemble des émissions diffusées entre 19 h et 23 h, tous les jours de la semaine.

Faire connaître les médias et la culture populaire à des publics diversifiés est un domaine émergent, passionnant et enrichissant à la fois. Loin d’être réservés aux seules personnes sans déficience visuelle ou auditive, les médias devraient être à la portée de tous pour le plaisir de tout un chacun.

Traduction : Lina Scarpellini

Gillian White

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